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Geoffrey Moore franchit le gouffre qui sépare l’idée de la création divine du monde et celle que Dieu n’existe pas

S’éloignant de son sujet de prédilection, Geoffrey Moore le guru de l’adoption de l’innovation technologique s’attaque à quelques grandes questions existentielles dans son nouveau livre, « The Infinite Staircase : What the Universe Tells Us About Life, Ethics, and Mortality » (L’escalier infini : ce que l’univers nous dit de la vie, de l’éthique et de la mortalité). En utilisant une approche interdisciplinaire, Moore construit une échelle métaphorique allant du Big Bang aux décisions éthiques quotidiennes. Pour explorer cette odyssée intellectuelle et ses implications pour notre époque, nous l’avons interviewé.

 

Bonjour Geoffrey, pourquoi avez-vous écrit ce livre… maintenant ?

Pendant toute ma vie d’adulte, j’ai adopté une vision du monde fondée sur une métaphysique laïque (le Big Bang, l’évolution, etc.) tout en cherchant à vivre en accord avec des valeurs fondées sur l’éthique chrétienne.  La question qui me taraudait était toujours : s’il n’y a pas de Dieu, qu’est-ce qui autorise cette éthique ?  Je ne voulais pas les abandonner, mais je ne voulais pas non plus abandonner le récit séculier de l’origine du monde.  Ce livre a donc été ma tentative pour réconcilier les deux.

Un extrait de votre livre qui vous représente le mieux ?

En supposant qu’il n’y ait pas de crise de santé ou de bien-être, c’est peut-être quelque part entre 50 et 60 ans, le fait d’être mortel commence à devenir une option intéressante. Nous réalisons maintenant que le jeu auquel nous participons est entré dans sa deuxième moitié. Il reste encore beaucoup de temps au compteur, mais l’horizon n’est plus infini. C’est le moment d’être sérieux, de faire le point sur qui nous sommes et où nous allons, de redoubler d’efforts pour les choses qui nous tiennent le plus à cœur, de commencer à nous extraire de ce qui nous empêche d’avancer. Nous sommes aujourd’hui, selon toute vraisemblance, aussi capables que nous l’avons jamais été ou que nous le serons jamais, et nous devrions donc nous concentrer sur la manière de mettre notre pouvoir au service de ce que nous honorons le plus. Accepter d’être mortel à ce stade signifie simplement que nous ne voulons plus perdre une grande partie de notre temps.

Quelles sont les tendances qui émergent et auxquelles vous croyez le plus ?

Mon travail se concentre presque exclusivement sur l’adoption de la technologie pour libérer la valeur emprisonnée, quelle qu’elle soit.  Les tendances autour de l’intelligence artificielle et de la biologie moléculaire, alimentées par une puissance de calcul toujours plus grande, ont toutes deux un énorme champ d’application en ce qui concerne les réserves de valeur piégée qu’elles peuvent libérer.  Ce sont des développements considérables qui ont de profondes implications éthiques, et c’est à cette intersection que j’accorde le plus d’attention.

Si vous deviez donner un conseil à un lecteur de cet article, quel serait-il ?

Soyez asymétrique dans votre façon d’allouer votre temps et votre énergie.  Pour la plupart des choses, faire ce que l’on attend de vous est la meilleure solution, mais pour quelque chose, peut-être juste une chose, aller au-delà de ce que l’on attend de vous vous permet d’avoir un impact considérable.  Il doit s’agir de quelque chose que vous aimez, pour lequel vous êtes doué ou, du moins, pour lequel vous êtes prêt à travailler très dur.  Plus important encore, vous devez d’abord réserver du temps pour cette activité, puis l’adapter à vos autres engagements.  Souvent, nous faisons exactement le contraire, et nous sommes tellement pris par ATOS (All The Other Stuff / Tous Les Autres Trucs en français) que nous ne parvenons jamais à nous réaliser pleinement.

En un mot, quels sont les prochains sujets qui vous passionneront ?

Je continuerai à explorer l’interaction entre la métaphysique et l’éthique en vue de trouver des moyens pratiques de faire face aux défis déroutants de la vie.

 

 

Merci  Geoffrey Moore

 

Merci Bertrand

 

Le livre : The Infinite Staircase, Geoffrey Moore, BenBella Books, 2021