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L’IOT c’est fini ! Vive l’IOE (Internet Of Everything)

Les grands esprits se rencontrent. Ceux de Steve Caseet de Kevin Kelly du moins. Deux vétérans de l’Internet qui ont récemment et respectivement publié les ouvrages The Third Wave et The Inevitable. Le fondateur d’AOL et l’ex co-fondateur et rédacteur en chef du magazine Wired introduisent l’un comme l’autre une notion visant à se substituer à celle d’IOT (Internet Of Things) en parlant plus volontiers d’IOE (Internet Of Everything).

Le très inspirant Kevin Kelly, co-fondateur et rédacteur en chef de Wired

Après avoir connecté des ordinateurs entre eux, dans une première vague de l’internet avec le protocol IP de Vinton Cerf et ouvert l’Internet au grand publique avec le World Wide Web de Tim Berners Lee, une seconde vague a permis de connecter les individus entre eux avec tout d’abord le blogging, puis les réseaux sociaux.

Arrive à présent l’heure de connecter absolument tout ce qui peut, ou pourra, contenir un capteur. L’acronyme IOT (Internet of Things), ou Internet des objets connectés en français, n’est déjà plus à la mode, puisqu’il convient à présent de parler d’Internet Of Everything.

Selon Steve Case la première vague de l’Internet a consisté à mettre en place l’infrastructure technique permettant de connecter Internet à lui-même, c’est-à-dire un réseau international de machines. Pour ce faire, les partenariats ont joué un rôle clef alimentant à l’époque la vision d’un Jean Marie Messier (consistant à opérer la fusion entre le contenant et le contenu), jusqu’à la plus importante fusion et acquisition jamais réalisé entre AOL (America Online) et Time Warners).

Steve Case, pionnier du digital avec AOL

La seconde vague, boustée par l’explosion du mobile et l’adoption fulgurante des smart phones a permis de connecter davantage des individus les uns aux autres. Loin des salles blanches, des serveurs et des routeurs ou de partenariats de dimensions industrielles et internationales, une nouvelle génération d’entrepreneurs particulièrement agiles telle que les équipes de Twitter ou Snapchat ont démarré avec seulement quelques ingénieurs pour finalement créer la sensation.

La troisième vague est celle où n’importe quelle industrie peut désormais faire l’objet d’une disruption, où l’Internet ne se limitera plus seulement à des machines et des hommes, mais à tout ce qui se passera entre eux, dans la manière dont ils apprendront, dont ils se soigneront, dont ils géreront leur argent et même dont ils se nourriront.

Servi par la data, le contexte business de la troisième vague de l’internet, n’aura jamais rendu plus critique et essentiel la capacité des entreprises à nouer des alliances entre elles, pour innover et inventer les produits et services de demain. Car il ne s’agira plus de connecter entre eux des objets uniquement, mais bien plus, autant dire everything. Un point qui n’a pas échappé aux grandes entreprises qui s’agrègent désormais entre elles au travers de nouvelles alliances telles que Allseen Alliance, Zig Bee Alliance, Zwave Alliance, Open Interconnect, Thread Group, Apple et iOS, Healthkit, Homekit ou encore Google et Android.

Trois défis qui déjà se profilaient, devront être relevés par nos entreprises :

  1. Passer du contrôle des ressources à l’orchestration de ressources en tous genres. Un thème largement développé dans la troisième partie du livre Mode & Internet, paru en 2009, à travers l’exemple du secteur de la mode.
  2. Passer de la simple optimisation interne de l’organisation à la gestion des interactions de l’entreprise avec l’externe. Un point abordé dans le livre Les dessous du Web, paru en 2013.
  3. Passer du focus sur la création de valeur pour le client à la création de valeur pour, dans, et avec, un écosystème.

La compréhension de la révolution digitale comme révolution éminemment technique laissera enfin place à une acception plus juste, en envisageant cette fois-ci le digitale comme une révolution culturelle.