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Deux scientifiques apportent la preuve que l’innovation rend heureux

Lorsque deux esprits scientifiques étudient l’innovation, cela donne Le plaisir d’innover, le dernier livre d’Olivier Pujol et de Stéphane Bernard.  Observée au microscope, décortiquée, disséquée, trempée dans un bain de réalité, frottée à d’autres corps, parfois même sortie de son milieu naturel… l’innovation n’a jamais fait l’objet d’un examen si approfondi, ni conduit à l’énonciation d’autant d’hypothèses, d’axiomes, de théorèmes ou de lois universelles à son endroit. Interview en cinq questions à l’homme qui prenait plaisir à innover.

 

Le dernier livre d’Olivier Pujol et Stéphane Bernard

1. Bonjour Olivier, pourquoi avoir écrit ce livre… maintenant ?

J’ai travaillé dans des grands groupes, plutôt dynamiques (Schlumberger, Honeywell, Perenco !), puis dans des start-up. Ca faisait quelques temps que j’essayais de formaliser une approche à la fois structurée et libératoire sur l’innovation pour porter dans les sociétés « matures » ce que j’avais vu et pratiqué dans les start-up. J’étais plutôt centré sur les processus : comment produire des idées, comment sélectionner les idées et gérer une multitude d’opportunités concurrentes…
Et un jour, dans une enquête (du Boston Consulting Group je crois) sur l’innovation, je lis qu’un nombre assez significatif de managers estimaient « qu’ils n’avaient pas les bonnes personnes » pour innover efficacement. Et mon sang n’a fait qu’un tour. J’ai tellement vécu le contraire ! Et je n’aime pas qu’un manager blâme ses ressources quand le rôle du management est précisément de les optimiser, et de les rendre efficaces !
Alors j’ai transformé mes formations et mes schémas en un premier livre pour montrer qu’il existe des pratiques et un état d’esprit qui favorise l’innovation comme il existe des pratiques et un état d’esprit qui rend les cerveaux stériles… Et pour que les managers insatisfaits s’en prennent à eux-mêmes…

2. Une page de votre livre, ou un passage, qui vous représente le mieux ?

J’adore le rugby (passion un peu douloureuse ces derniers temps) et j’y trouve une source sans limite d’inspiration sur le management. Dans ce livre, je fais un parallèle entre l’évolution du rugby et l’évolution du management. Et je prépare pour le prochain une nouvelle analogie, entre le jeu actuel pratiqué par les All Blacks et la mobilisation de l’intelligence collective dans l’entreprise.

3. Les tendances qui émergent à peine et auxquelles vous croyez le plus ?

La première est l’irruption des neurosciences dans le management. Les modèles d’organisation issus du 19 et du 20e siècle répondaient aux impératifs de production de masse puis de production à bas coût, en mettant plutôt l’humain au service de la machine ou du processus. L’humain en est parfois sorti abîmé, et certainement pas « exploité » au maximum de son potentiel (physique et intellectuel, mais aussi individuel et collectif).
La connaissance de plus en plus fine du fonctionnement du cerveau humain, autant dans son fonctionnement autonome qu’en relation avec son environnement, nous permet de concevoir des modèles d’organisation optimisant cette ressource : le cerveau de l’Homo Sapiens sapiens. On découvre peu à peu des modèles d’organisation du travail et d’organisation des structures presque « anthropomorphes » ou « neuromorphes ». Or le cerveau est une machine à chercher le plaisir et le bonheur (deux choses bien différentes) et à fuir la douleur. Donc on découvre petit à petit que travail et bonheur ne sont pas incompatibles, bien au contraire ! De belles perspectives pour le management humaniste !
En lien avec la précédente, la deuxième tendance est évidemment la mobilisation de l’intelligence collective, qui est pour moi la véritable innovation managériale, bien plus que l’entreprise libérée (modèle plus que sympathique mais pas une panacée à mon avis) ou la méthode agile (just another procedure, certes très intelligente, mais je n’aime pas les procédures, ce sont les menottes des neurones…)
Tout ceci cadre avec une description à la mode ces derniers temps : le monde « VUCA » (Volatile, Uncertain, Complex & Ambiguous). Or si je ne me trompe, le cerveau humain et les groupes tribaux sont précisément des experts du monde VUCA… une nécessité darwinienne pour la survie de l’espèce…

4. Si vous deviez donner un seul conseil à un lecteur de ce blog, quel serait-il ?

Connais-toi toi-même pour mieux connaitre les autres.

5. En un mot, quels sont les prochains sujets qui vous passionneront ?

Comment démontrer que des structures ou des processus collectifs inspirés des fonctionnements naturels du cerveau humain et s’appuyant sur les cerveaux de chacun d’entre nous sont forcément les plus performants ?
C’est une évidence pour moi, mais il faudrait en donner une démonstration rationnelle pour rendre définitivement obsolète dans l’esprit de nos dirigeants sur-diplômés le management par la peur ! Et pour qu’ils aient un peu plus confiance dans l’intelligence de leurs troupes.

 

Merci Olivier

 

Bertrand Jouvenot | Consultant | Auteur | Speaker | Enseignant | Blogueur