jouvenot.com

Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’applications mobiles

A l’heure du numérique, quand un développeur a le coup de foudre pour une nouvelle technologie, il ne peut s’empêcher d’en vanter les mérites, d’abord à ses paires, puis au plus grand nombre. C’est un peu l’histoire de Blaise Barré, développeur d’applications mobiles, qui n’a pas immédiatement succombé aux charmes de la technologie française React Native, puis s’est peu à peu laissé prendre dans ses filets, pour finalement nous raconter leur idylle dans un livre : Concevez des applications mobiles avec React Native.

 

 

Bonjour Blaise Barré, pourquoi avoir écrit ce livre… Maintenant ?

 

J’ai écrit la première version de cet ouvrage, ou plutôt son esquisse, début 2017.

A l’époque, je développais déjà des applications mobiles mais j’utilisais Ionic (première version du nom), qui me permettait, avec les technologies HTML, CSS et Javascript que je maîtrisais déjà, de développer rapidement et facilement des applications mobiles sur les deux plateformes Google Play et App Store.

C’est un framework français qui avait le mérite d’être suffisamment sophistiqué pour rendre les applications suffisamment puissantes sans avoir à apprendre l’Objective-C et le Java.

Lorsque le buzz a commencé à se faire autour de React Native, un framework hybride lui aussi, j’avoue que j’ai mis du temps à y voir l’intérêt qu’il méritait. Quel intérêt avait React Native vis-à-vis de Ionic ? Quelle plus-value ?

Et puis, lorsque j’eu un peu de temps libre je me suis lancé dans la découverte de React Native. Le problème était double : non seulement à cette époque-là les ressources en français étaient totalement inexistantes, mais en plus la communauté francophone n’était pas aussi impressionnante qu’aujourd’hui.

Mais j’ai persisté, article anglophone après article anglophone, je testais les codes, en essayait d’autres, je tombais sur des erreurs, que je corrigeais. Problème après problème, petit à petit, je rédigeais un petit document sur les développements nécessaires, les erreurs à ne pas commettre, la résolution des bugs, etc. C’était une toute nouvelle façon de coder une application mobile, une nouvelle architecture, une nouvelle méthodologie, presque un nouveau langage. Mais j’ai rapidement découvert la puissance de React Native : non seulement le code prenait aussi peu de temps à écrire, mais en plus il était propre, simple, et beaucoup plus puissant que ce que j’avais pu faire en Ionic. La raison était simple : le code était compilé. D’un code « React Native », le framework le transformait en Objective-C ou en Java. Et clairement, ça changeait tout.

Petit à petit, test après test, écran après écran, fonctionnalité après fonctionnalité, je découvrais réellement React Native et je compris rapidement que je ne pourrai plus repartir en arrière, Ionic était déjà de l’histoire ancienne.

Et puis, je me rendis très vite compte que le petit document que j’avais écrit était devenu… gros. De plusieurs dizaines de pages, il en faisait désormais plus d’une centaine. Et c’était encore, plusieurs mois après le début de l’apprentissage, la première ressource française jamais publiée sur le sujet.

Alors, dans un esprit de partage et de transmission, j’ai proposé ce cours à plusieurs maisons d’édition. Une seule me répondit : Eyrolles. Un sommaire, quelques extraits et plusieurs mails échangés plus tard : la réponse était positive. Mais non seulement je devrais mettre en forme mon livre sur le développement avec React Native, mais je devrais l’agrémenter avec un peu de communication, de marketing et d’analyse des applications mobiles, sujets très intéressants également.

Le travail fut assez long, fastidieux mais non moins extrêmement enrichissant.

Récemment, une nouvelle édition du livre est sortie, me permettant de mettre à jour les codes qui ont pu changer en un an de temps. Et il y en avait pas mal.

 

 

Une page de votre livre, ou un passage, qui vous représente le mieux ?

 

Le début du livre, où j’explique la différence entre les applications mobile en web mobile, en natif ou en hybride, me représente le mieux. J’ai mis énormément de temps à me choisir entre les 2 dernières technologies. Vraiment beaucoup. J’ai pesé le pour et le contre, j’ai commencé un énorme cours d’un professeur de la Sorbonne sur le développement d’application native. Très bien expliqué et très complet. Au bout de quelques heures d’apprentissage, j’ai compris le plus gros problème de l’idée : je devrai développer deux fois la même application. Et comme tout bon développeur qui se respecte : l’idée même me donnait la chair de poule. Faire deux fois la même chose. Maintenir deux applications différentes. Améliorer deux applications différentes.

Lorsque j’ai découvert Ionic, j’avoue m’être posé la question de la stabilité et de la performance des applications qui en sortiraient. Malgré tout, c’était très satisfaisant. Et puis, lorsque j’ai découvert React Native, j’ai compris. J’avais trouvé.

 

Les tendances qui émergent à peine et auxquelles vous croyez le plus ?

 

Il y a bien une tendance, qui émergent petit à petit dont les premiers prototypes sont soit horribles soit trop couteux mais qui pourrait vraiment devenir intéressante. Ce sont les lunettes connectées.

Pas les lunettes de Google à 1 500 dollars qui ont juste 2 centimètres carrés d’affichage et dont le buzz est reparti aussi vite qu’il est arrivé. Pas non plus le casque connecté de Microsoft qui prend autant de place qu’un casque de moto, bien que les usages professionnels en soit très intéressants quand bien même le prix de 3 500 dollars soit acceptable.
Je parle en réalité des lunettes connectées d’Apple qui ne sont pour le moment qu’une rumeur brevetée et qui promettent beaucoup. Pour le moment certes les rumeurs annoncent un casque à la Hololens pour l’année 2020 ou 2021 et de véritables lunettes connectées pour 2022 ou 2023, mais imaginez.

Imaginez ne plus avoir à sortir votre téléphone de votre poche, ne plus avoir à le brandir pour afficher une carte en réalité augmentée, pour avoir à sortir les écouteurs pour demander à votre assistant vocal d’appeler un contact ou de répondre à un message. Imaginez votre téléphone, vos écouteurs sans fils et votre montre réunis dans un seul accessoire, qui, couplé à votre téléphone, fera absolument tout. Notification de message et réponse vocale, affichage d’une carte en réalité augmentée, affichage de votre playlist avec possibilité de mettre pause, précédant et suivant par votre simple regard.

J’ignore si toutes les rumeurs sur les Apple Glass – si toutefois cela reste leur nom – seront concrétiser mais je trouve cela vraiment prometteur. Resterais plus qu’à avoir des verres à la vue des utilisateurs qui portent actuellement des lunettes et ce serait vraiment nouvelle ère de mobilité qui s’ouvrirait selon moi. Nous n’y sommes pas encore mais j’y crois très sincèrement.

 

 

Si vous deviez donner un seul conseil à un lecteur de cet article, quel serait-il ?

 

Très bonne question. Le meilleur conseil à donner à qui que ce soit est : soyez curieux. Je pense qu’il n’y a pas de meilleure qualité que la curiosité. Difficile de développer plus, c’est un esprit, un point de vue. Il faut toujours dépasser ses limites, ses connaissances, toujours apprendre.
On dit que, en informatique notamment, si vous n’avez pas appris quelque chose dans la journée, c’est que vous n’avez pas suffisamment travaillé. Je pense que cela résume bien l’idée de la curiosité, de l’envie d’apprendre.
Mon envie d’apprentissage de React Native rentre complètement dans cet état d’esprit et je pense qu’il y a des chances pour que l’envie d’apprentissage de React Native au travers de mon livre, pour le lecteur de cet article, rentre également dans cet état d’esprit.

 

 

En un mot, quels sont les prochains sujets qui vous passionneront ?

 

Le prochain sujet auquel je dois m’intéresser, mais qui va prendre du temps, beaucoup d’énergie et pas mal de maux de tête, c’est l’intelligence artificielle.
Je parle bien là de la véritable intelligence artificielle, pas de simples programmes dont les concepteurs les considèrent intelligent grâce à 10 conditions qui font le tour de la question.

Aujourd’hui, on attend parler d’intelligence artificielle à longueur de journée, les gens ne savent même plus ce que cela signifie réellement. Les marketeux ont apprivoisé ce terme comme « Big Data » avant lui, sans même, pour la plupart, comprendre de quoi il s’agit – et sans même s’y intéresser de près, bien entendu. Mais voilà, l’IA fait rêver, et n’importe quelle start-up branchée aura envie de dire que son produit est boosté à l’IA. Ce qui, dans la plupart du temps, est totalement faux.

C’est un concept extrêmement compliqué à mettre en place dans le cadre duquel un programme apprend lui-même. Il est capable d’analyser, comprendre les choses, les utilisateurs ou quoi que ce soit et presque de prédire ce qu’il va se passer ou en tous cas d’imaginer au mieux les besoins des utilisateurs en question.

L’intelligence artificielle se développe la plupart du temps en Python, langage que je connais à peine, et se développe aujourd’hui dans les grandes entreprises high-techs comme les GAFA qui en mettent à toutes les sauces, pour prédire au mieux les comportements utilisateurs et proposer les meilleurs services au meilleur moment.

 

Merci beaucoup, Blaise Barré.

Le livre : Concevez des applications mobiles avec React Native, Blaise Barré, Eyrolles, 2019.